Des étudiants dans la prison : almanach du GENEPI, 1976-2006

Des étudiants dans la prison

Étudiants ils sont. Étudiants « du dehors » qui viennent à la rencontre de ceux « du dedans ». Les premiers sont les jeunes bénévoles (plus de mille en 2006) du Groupement étudiant national d'enseignement aux personnes incarcérées - le GENEPI, créé il y a trente ans. Ils sont portés par un projet : celui de faire progresser les conditions de la réinsertion sociale des personnes qui vivent en prison. Chaque semaine, ils y retrouvent les seconds - ceux du dedans, enfermés là et avides d'ouverture - et leur donnent un peu de leur temps : activités d'enseignement bien sûr, mais aussi présence de la culture au sens le plus large et recréation d'un lien perdu entre l'intérieur et l'extérieur.

Quand ils ressortent de la prison, les « génépistes » ont aussi la volonté d'agir dans tous les lieux publics pour la rendre moins obscure aux yeux de la société et pour redire que, malgré tous les changements qu'elle a connus, celle-ci reste en 2006 un lieu de souffrance, un lieu qui n'est pas celui où chacun parviendrait à se réparer - et à se préparer réellement à affronter une nouvelle vie en société.

De l'engagement des génépistes, cet almanach des trente ans apporte un nouveau témoignage. Trente approches de la prison d'aujourd'hui nous y sont proposées. Aux côtés des bénévoles qui apportent leurs contributions - sur l'enseignement, les aménagements de peine, la justice des mineurs, ou bien encore sur le maintien des relations familiales ou la santé des personnes incarcérées... -, de nombreux invités complètent le tableau de la condition pénitentiaire, de ses avancées et de ses reculs depuis trois décennies, de ses perspectives d'évolution et de ses chantiers : Robert Badinter, membre d'honneur du GENEPI, prend ainsi la parole à l'ouverture de l'ouvrage, et l'historienne Michelle Perrot vient évoquer le sort des femmes en détention quand le chercheur Pierre Victor Tournier s'interroge, lui, sur la surpopulation des prisons. Et si c'est l'ombre qui domine dans le tableau ainsi dressé, l'ambition première est ici qu'il rende du moins la réalité carcérale visible.