Les hommes de la fraternité. Vol. 10. Les chrétiens du XVIIIe siècle : la fin de l'ère chrétienne

La fin de l'ère chrétienne (Le XVIII^ème siècle

Venant après le XVI^e siècle de Luther, Calvin, Ignace de Loyola et Thérèse d'Avila, après le XVII^e de Pascal, Vincent de Paul, Richard Simon et Fénelon, le XVIII^e apparaît, en ce qui concerne du moins le christianisme français, comme une période de basses eaux. Anéantie par les condamnations du jansénisme et du quiétisme, la mystique a quasiment disparu. En conséquence, la théologie est inerte, desséchée, incapable de faire face aux défis culturels et aux innovations politiques. Contrairement aux Révolutions anglaise et américaine, la Révolution française n'ira pas chercher ses références dans la Bible. Athée ou déiste, mais farouchement anticléricale, elle provoquera chez les catholiques une cassure aux conséquences dramatiques.

Que d'occasions perdues ! Que d'incompréhension, de mépris et de haine, en ce siècle qui a tellement parlé de bonheur ! De la guerre des Camisards à la guerre de Vendée, du curé Meslier à l'abbé Grégoire, de l'aventure des jésuites au Paraguay aux voyages de Mungo Park en Afrique noire, que de désastres et de désespérances ! Chaque fois, pourtant, des hommes et des femmes ont lutté pour ce qu'ils croyaient juste et vrai, s'efforçant de maîtriser un destin dont ils refusaient l'inéluctabilité.