Revue sénégalaise d'histoire : nouvelle série, n° 9. Mélanges offerts au prof. Iba Der Thiam : professeur agrégé d'histoire, ancien ministre de l'Education nationale

« Le jour où je suis venu le trouver au ministère de l'Éducation nationale pour l'informer de la disparition de la mère de Joseph Ki-Zerbo, alors en exil au Sénégal (parce que je connaissais la relation d'admiration et de fraternité qui unissait les deux hommes), il avait les traits tirés comme s'il avait reçu la nouvelle avant mon arrivée. Après un bref moment de silence, cet homme de sentiment et de raison inextricablement mêlés me dit dans un murmure : « la famille historienne est alors en deuil... je viens à l'instant d'apprendre le décès de Cheikh Anta Diop. » Au-delà de la métaphore et de la clause de style, l'idée de « famille » renvoyait, à cet instant précis, à une communauté d'appartenance réellement vécue et assumée.

(...) Qui peut contester qu'au Sénégal, lorsqu'on parle du « Professeur », sans autre précision, nos compatriotes pensent à Iba Der Thiam ? Ce n'est pas la chanson populaire de Diaal Mbaay qui comporte ce passage « profesër bi ci Senegaal ! ». Ni la charmante Maréma Touré son épouse [qui] interpelle son mari par le nom dont tout le monde l'appelle : « Professeur ». (...) Qui peut douter un seul instant que Iba Der Thiam aurait volé sans hésiter au secours de Sékou Touré « puni » par l'ancien colonisateur pour avoir osé dire non, comme l'ont fait Ki-Zerbo et Abdou Moumouni dont il évoquait récemment encore la décision comme un haut fait d'armes ? (...) »
Professeur Mamoussé Diagne