La tranchée du philosophe

Travaillant avec le recul du temps qui rend les événements et les personnages exemplaires, Merry Hugues Duracher a élaboré un texte elliptique et précis qui décape la réalité, capte les signes hors les schémas classiques du narratif représentatif et restitue l'humain dans sa généralité transhistorique.

Le héros de l'histoire, profondément humain sans cesser d'être pittoresque, se trouve être un auxiliaire des spéculations de l'esprit, un vecteur de l'examen de conscience, suscitant une réflexion profonde sur la philosophie de la vie.

Dans "La tranchée du philosophe", la condition humaine est exprimée avec force, nous sommes entre l'artifice et le sacré, entre la convention répétitive et le frisson; nous assistons à une ritualisation de la tragédie qui donne à goûter le vertige. L'écriture exalte l'histoire, drape l'horreur d'une tristesse majestueuse, dompte le vrai tragique, celui de la nuit face à la mort, fige les derniers soubresauts et parvient ainsi à rendre compte de cette expérience-limite.

La lecture du roman de Merry Hugues Duracher paraît faite pour une psalmodiation étrangement lente, illustrée par le spectacle martial, véritable climat qui atteint au paroxysme. Le lecteur parvient à une vision qui lui permet de conquérir un monde déformé par l'action, monde de l'impermanence, où la vérité authentique se détache du fond mouvant des certitudes conformistes et confortables: les données du problème et les moyens pour le comprendre et le résoudre sont en nous-mêmes, sont nous-mêmes.