Tant que nous vivrons

Tant que nous vivrons

Cet ouvrage présente l'histoire d'une famille au destin hors du commun. Hors du commun et pourtant se proche de nous par les lieux, les événements, les joies et les peines. Le bonheur et le malheur. La vie avec un grand V.

- Figures-toi, mon cher Adrien, qu'en 1906, partir en voyage en Algérie, représentait un peu l'aventure, même sur de courtes distances. En fait, le seul moyen de locomotion était la diligence, dont mon grand-père Fondateur de la ligne et fut le propriétaire exclusif de la ligne littorale et ce jusqu'à sa disparition. Il disposait pour ses liaisons de douze voitures, dont dix sur la route, une en réserve, la dernière en entretien-réparation, sans compter un nombre impressionnant de chevaux et de relais. Nous avons donc pris la diligence le mercredi matin à huit heures. Ce jour là, elle était particulièrement chargée, tant de passagers que de marchandises. Je l'avais bien observée, elle m'effrayait un peu, par son attelage composé de six magnifiques chevaux piaffant d'impatience, puis la carriole elle-même, tout aussi impressionnante par sa hauteur, s'affaissant doucement sous les charges accumulées sur l'impériale. La grosse vois du conducteur calmant les chevaux, son aide chargeant les derniers colis, la foule gesticulant tout autour, sans oublier quelques volailles affolées dans leurs paniers d'osier, caquetant à tue-tête. Ce fut au tour des passagers de grimper avec l'aide d'un marchepied préalablement abaissé à l'intérieur de la voiture. Je montais, ma mère me catapulté à l'intérieur, la marche étant trop élevée pour mes petites jambes.