La succession d'Houphouët-Boigny : entre tribalisme et démocratie

Le président Houphouët-Boigny est l'une des figures notables des périodes coloniale et post-indépendance de la Côte d'Ivoire. Ses origines et sa formation le mènent à la direction du syndicat des planteurs indigènes puis à occuper "logiquement" de hautes charges politiques, tant métropolitaines qu'ivoiriennes. A travers le PDCI, parti unique qu'il conduit d'une main de fer pendant trois décennies, il favorise l'image d'une nation-vitrine ivoirienne.

Après sa disparition le 7 décembre 1993, une succession problématique ouvre la voie aux ambitions antagonistes de trois rivaux majeurs: Henri Konan Bédié, baoulé comme le "vieux" et successeur constitutionnel, Alassane Dramane Ouattara, originaire du nord et numéro deux du dernier gouvernement d'Houphouët-Boigny, et Laurent Gbagbo un bété à la tête de l'opposition. Le conflit mortifère entre les trois héritiers putatifs favorise l'explosion du concept de "l'ivoirité". Les manipulations constitutionnelles et les multiples jeux d'alliances affaiblissent le pays jusqu'au coup d'État du général Gueï, le 24 décembre 1999.

La nation ivoirienne, unie sous Houphouët-Boigny, est aujourd'hui au bord du gouffre économique et livrée aux risques et dérives criminelles d'une instrumentalisation ethnico-religieuse régionale.